La culture de la vigne pour la confection de vin constitue une activité très ancienne. Les évidences archéologiques indiscutables -telle la découverte de vaisselles vinaires ou de pressoirs- la font remonter aux anciennes civilisations mésopotamiennes. Presque aussi vieille est l’orientation commerciale de cette production.
Chez les Grecs de l’Antiquité, cette inclination mercantile est manifeste et deux éléments la caractérisent :
- Un échange constant entre la ville et la campagne destiné à l’approvisionnement des marchés urbains,
- Et un commerce à longue distance, de vins de qualités, alimentant les régions moins bien pourvues.
Quand la viticulture se diffusera en Europe par l’entremise de Rome, la production du vin se concentrera alors au sein de régions de viticulture spécialisées dont la répartition géographique reflètera principalement la configuration de la demande.
Par exemple, l’emplacement et l’importance actuels du vignoble français correspondent à la disposition des lieux anciennement favorables à la vente de ses produits. Anciennement, les zones possédant une situation géographique avantageuse étaient celles jouissant d’une position d’avant-garde par rapports aux régions importatrices, étant favorisées par la présence de voies maritimes permettant l’exportation des produits à un coût raisonnable. (Dion, 1959 ; Lachiver, 1988 ; Unwin, 1991).
Une citation de Roger Dion illustre éloquemment la propagation de la viticulture :
« Plus souvent que les promesses du terrain, ce sont les sollicitations du commerce qui ont aidé à la propagation de l’art viticole, qui ont décidé les hommes à réaliser ici plutôt que là les coûteux aménagements nécessaires à la production d’un vin de prix, destiné à l’exportation » (Dion, 1959 :61).
L’histoire de la viticulture se révèle ainsi principalement être une histoire commerciale.
Cependant, le marché vinicole est un marché particulier, car contrairement au commerce d’autres denrées agricoles, il établit des distinctions très marquées entre diverses qualités de produits.
- D’une part, il y a une viticulture de prestige produisant des vins dont la spécificité et la qualité en assurent le renom.
- D’autre part, on retrouve une viticulture « bas de gamme » pratiquement anonyme qui produit du vin bon marché pour buveurs moins argentés.
Les critères de goût et de distinction sont socialement déterminés selon les lieux et les époques, et évoluent selon les situations historiques:
- Les Grecs et les Romains buvaient un « sirop de vin » vieilli, allongé d’eau; l
- Les hommes du Moyen Âge un vin blanc jeune et vert, parfois rosé, mais toujours de l’année;
- Enfin les Anglais apprirent à apprécier les vins rouges plus riches qui feront la gloire de Bordeaux et que l’on considère encore aujourd’hui comme les meilleurs au monde.
En somme, chaque époque se caractérise par une production de luxe socalement et culturellement définie.