C’est à travers les régions viticoles du Sud-Ouest que la viticulture s’est propagée en France à partir du 1er siècle de notre ère.
Cependant,presque tout au long de leur histoire, les régions viticoles du Sud-Ouest sont restées dans l’ombre de Bordeaux dont les négociants achetaient et exportaient les vins en les faisant passer pour des vins de Bordeaux.
Cette dimension historique confère un caractère commun aux vins du Sud-Ouest dont le style a longtemps été influencé par celui des vins de Bordeaux.
Or, on retrouve des traditions et des cépages locaux qui confèrent aujourd’hui un caractère spécifique à chacun des vins du Sud-Ouest.
Histoire des vins et des vignobles du Sud-Ouest de la France
Origine antique de la viticulture dans le Sud-Ouest
Les Romains implantent la viticulture à Gaillac au 1er siècle de notre ère en réponse à la demande de vin par les Gaulois.
Plusieurs amphores retrouvées témoignent de la route de Narbonne vers Bordeaux puis vers les îles britannique, en passant par Toulouse et en suivant le fleuve la Garonne.
Dans l’ombre du vignoble du bordelais
À partir du 14e siècle, Bordeaux commence à desservir les marchés anglais. Cependant, le vignoble bordelais ne suffit pas à la demande.
Les négociants se tournent donc vers les régions du Sud-Ouest qui fourniront dès lors 60% des vins exportés depuis Bordeaux.
Entre le 14e et le 19e siècle, le commerce du vin dans le Sud-Ouest est dominé par les négociants bordelais.
Les vignobles du Sud-Ouest se concentrent ainsi le long des fleuves et des rivières qui permettent de transporter le vin vers Bordeaux : la Dordogne, le Lot, le Tarn et la Garonne.
Crise du Phylloxera et fin du marché bordelais
À la fin du 19e siècle, le Sud-Ouest est atteint par le phylloxera.
Puis, la mise en place des Appellations d’origine contrôlée délimite désormais la région de Bordeaux au seul département de la Gironde.
Les négociants bordelais ne peuvent plus commercialiser les vins du Sud-Ouest sous le nom de « Bordeaux ».
Ces deux événements freinent considérablement l’activité vinicole des régions du Sud-Ouest.
Le virage qualitatif
Depuis les années 1970, des caves coopératives et des producteurs individuels du Sud-Ouest se sont lancés dans la production de vins de qualité.
Aujourd’hui, toutes ces régions offrent d’excellents vins présentant parfois un bien meilleur rapport qualité-prix que plusieurs Bordeaux génériques.
Régions, encépagement et caractéristiques des vins du Sud-Ouest
Plus on est près de Bordeaux, plus les vins du Sud-Ouest s’apparentent aux vins de Bordeaux.
Plus on s’éloigne de Bordeaux, plus on rencontre des vins aux styles différents.
Ceci s’explique en raison du climat qui devient plus chaud et sec à mesure qu’on entre dans les terres et qu’on se rapproche de la Méditerranée, et en raison de l’encépagement qui change graduellement.
Bergerac
Produits juste à l’extérieur du département de la Gironde, les vins de Bergerac s’apparentent au vins de Bordeaux. D’ailleurs l’encépagement y est pratiquement le même : Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc et Merlot pour les vins rouges. Et Sémillon, Sauvignon, Muscadelle et Chenin pour les vins blancs.
Bergerac comprend quelques appellations d’origine :
Monbazillac produit un vin doux semblable aux Sauternes.
Pécharmant produit des vins rouges rappelant les vins de Saint-Émilion. Les vins rouges de Pécharmant sont les plus réputés de Bergerac.
Côtes-de-Duras, Côte-du-Marchandais et Côtes-de-Buzet
Au sud de Bergerac, on retrouve les appellations Côtes-de-Duras, Côtes-du-Marmandais et Côtes-de-Buzet.
Le climat est semblable à celui de Bordeaux, quoique légèrement plus chaud et sec.
L’encépagement est essentiellement le même qu’à Bordeaux. Mais on retrouve également d’autres cépages, dont le Malbec.
Cahors
Le Cahors jouit d’une ancienne réputation. Vers 640, Saint Didier, évêque de Cahors, envoie à l’évêque de Verdun dix tonneaux d’un vin d’une grande valeur (Dion, 1959 :190).
L’encépagement est ici différent de celui de Bordeaux. Même que le Cabernet Sauvignon et le Cabernet Franc sont interdits dans l’appellation.
Le cépage de Cahors est le Malbec, localement connu sous le nom d’Auxerrois, qui entre à 70% dans la composition du vin de Cahors.
Les vins de Cahors ont longtemps été décrits comme des vins « noirs » et le Malbec donne en effet des vins denses et foncés qui étaient autrefois utilisés pour colorer et remonter les vins de Bordeaux plus légers.
Auparavant, les bons vins de Cahors étaient bus vieillis. Aujourd’hui, il existe des différences de structure entre les vins. Certains sont plus souples et destinés à être bus jeunes, tandis que les meilleurs sont plus riches en tanins et toujours aptes au vieillissement.
Fronton et Gaillac
Au sud de Cahors, on retrouve l’un des plus anciens vignobles de France, soit celui de Gaillac, où la viticulture remonte au 1er siècle de notre ère.
Il s’agit d’une appellation variée qui regroupe près de 80 villages. On y retrouve une multitude de cépages cultivés, ce qui explique la variété des vins produits.
En blanc, on retrouve les cépages bordelais Sémillon et Sauvignon ainsi que des cépages locaux.
On produit à Gaillac des vins blancs secs, des vins doux, des mousseux et des vins perlés. Le vin perlé est un vin blanc sec traditionnel dans lequel on laisse un peu de gaz carbonique.
En rouge, le cépage principal est le Duras. Il est suivi du Fer Servadou, du Syrah, de la Négrette et du Gamay. Ces cépages entrent à 60% dans la composition du vin AOC de Gaillac, auquel on ajoute du Merlot, du Cabernet Sauvignon ou du Cabernet Franc.
Pour les Côtes-du-Frontonais, le cépage Négrette doit entrer à 50-70% de la composition du vin, ce qui lui confère plus de fruité, complété par du Cabernet Sauvignon, du Cabernet Franc et du Fer Servadou.
Madiran et Pacherenc-du-Vic-Bilh
Au cœur de la Gascogne, on retrouve les appellations Madiran et Pacherenc-du-Vic-Bilh.
Il s’agit d’appellations jumelles avec le Madiran en rouge et le Pacherenc-du-Vic-Bilh en blanc. Ces appellations sont au pied des premiers contreforts des Pyrénées.
Le cépage caractéristique du Madiran est le Tannat qui confère un côté fruité et structuré au vin et auquel on ajoute 40-60% de Cabernet Sauvignon ou de Cabernet Franc pour l’assouplir et le rendre plus apte au vieillissement.
Pour le Pacherenc-du-Vic-Bilh, les cépages utilisés sont le Gros-Manseng, le Petit-Manseng, le Corbou et d’autres variétés locales.
Béarn, Jurançon et Irouléguy
Situés à 300 m d’altitude dans les Pyrénées, l’appellation Béarn produit des rouges semblables à ceux de Madiran avec les mêmes cépages.
L’appellation Jurançon est reconnue pour ses vins blancs doux, vinifiés à partir des cépages Gros-Manseng, Petit-Manseng et Corbou.
L’appellation Irouléguy tire son nom d’un village du pays Basque. Elle est située sur la frontière espagnole près de l’Atlantique. On y produit principalement du vin rouge à partir des mêmes cépages que le Madiran.