Le Rhône : la région viticole la plus ancienne de France
Cette région, qui borde le fleuve du même nom, est depuis des siècles le point de rencontre entre le monde méditerranéen et l’Europe septentrionale.
Cette réalité se reflète dans les vins, dont ceux du nord se distinguent clairement de ceux du sud.
Aujourd’hui, les vins de l’Hermitage sont considérés parmi les meilleurs au monde et constituent un des archétypes de vin dont les producteurs du Nouveau monde s’inspirent en agençant les cépages Grenache, Mourvèdre et Syrah.
Simultanément, plusieurs vins des Côtes du Rhône aux accents méditerranéens offrent d’excellents rapports qualité-prix.
Histoire des vins et du vignoble du Rhône
Origine antique des vignobles du Rhône
L’origine de la viticulture aux embouchures du Rhône remonte probablement aux Grecs phocéens qui fondent des colonies entre les 6e et 2e siècle avant J.-C.
Les Romains implantent véritablement la viticulture dans cette région à partir du 1er siècle de notre ère, suivant la conquête de la Narbonnaise (sud de la France) et en réponse à la demande de vin par les Gaulois.
Influence de l’Église sur la production de vin du Rhône
Au 14e siècle, la papauté s’installe à Avignon. Comme ailleurs en Europe durant le Moyen-Âge, l’Église contribue au développement de la viticulture et ajoute au prestige des vins du Rhône.
Cependant, il n’y a pas de lien direct, autre que le nom, entre les papes et le vin Châteauneuf-du-Pape.
Une étape historique pour les premiers « touristes »
Aux 17e et 18e siècles, l’Hermitage constitue l’une des étapes des voyageurs du « grand tour » d’Europe.
Pour cette raison, les vins deviennent connus et appréciés dans certains milieux aristocratiques et bourgeois d’Europe.
Un vin de coupage
Au 19e siècle, des négociants de Bourgogne et de Bordeaux se tournent vers les vins sombres et puissants de la vallée du Rhône pour fortifier leurs propres vins légers. L’image des vins du Rhône commence alors à se dégrader.
La crise du Phylloxera
À la fin du 19e siècle, la crise du phylloxera détruit plusieurs vignobles. Ensuite, la Première Guerre mondiale et la crise des années 30 entravent la reprise des activités vitivinicoles.
Châteauneuf-du-Pape : le modèle du systèmes des A.O.C.
En 1923, le baron Le Roy de Boiseaumarié instaure à Châteauneuf des règles de production très strictes.
Les autorités françaises s’en inspireront directement en 1936 pour élaborer des législations réglementant les appellations d’origine contrôlée.
Le renouveau des vins du Rhône
Le renouveau de la région s’amorce au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale dans les zones anciennement reconnues.
Il sera d’abord le fait de coopératives et de négociants, entre autres de la Bourgogne, puis ensuite de producteurs individuels.
Les vins du Rhône jouissent déjà depuis plusieurs années d’une très bonne image.
Encépagement des vins du Rhône
Les vins rouges du Rhône sont principalement produits à partir des cépages :
Vins blancs
Les vins blancs du Rhône sont produits principalement à partir des cépages :
- Marsanne
- Roussane
- Grenache blanc
Caractéristiques des vins du Rhône
À l’époque romaine, la Narbonaise est un véritable eldorado du vin pour les négociants. Les Gaulois sont friands de vin et cette demande incite les négociants, en longeant le Rhône, à cultiver la vigne toujours plus proche des marchés de consommation du nord.
Plus près de nous, des négociants se sont installés depuis le 19e siècle dans les zones les plus recherchées, tandis que plusieurs caves coopératives ont permis aux petits viticulteurs du 20e siècle d’accéder aux installations vinicoles et aux marchés du vin.
À ces négociants et ces caves coopératives s’ajoute désormais un nombre croissant de producteurs individuels qui vinifient et commercialisent leur propre production.
Ces trois figures sont celles qui sont aujourd’hui responsables de la vinification et de la commercialisation des vins du Rhône.
Géographie des vignobles du Rhône
La région de la vallée du Rhône est l’une des plus grandes zones vinicoles de France.
Elle borde le Rhône (fleuve) sur chaque rive, parfois sur plusieurs kilomètres, et s’étend sur 200 kilomètres du nord au sud entre Vienne et Avignon.
Cette région se divise en deux zones distinctes : le Rhône septentrional au nord et le Rhône méridional au sud.
Chacune de ces zones se caractérise par des climats, des sols et des vins différents.
Le Rhône septentrional
Le Rhône septentrional produit historiquement les vins les plus réputés.
Les sols y sont granitiques et schisteux.
Le climat est continental avec des étés chauds et des hivers froids ainsi que des pluies plus abondantes que dans le sud.
Certains coteaux y sont très escarpés et permettent un bon drainage des sols. En contrepartie, le travail de la vigne y est difficile et complexe, nécessitant entre autres la construction de terrasses.
C’est au nord qu’on retrouve les appellations Côte-Rôtie, Condrieu, Saint-Joseph, Hermitage, Crozes-Hermitage, Cornas et Saint-Péray.
Les rouges sont ici produits exclusivement avec le cépage Syrah qui donne des vins de couleur grenat-violacée, aux arôme de fruits noirs, de violette et de réglisse, tanniques dans leur jeunesse et dotés d’un bon potentiel de vieillissement.
Le Rhône méridional
Le Rhône méridional se caractérise par un paysage différent avec des sols argilo-calcaires.
Le climat est méditerranéen avec des conditions météorologiques stables, quoique parfois perturbées par le Mistral, un vent froid et sec en provenance du nord.
Le cépage dominant est le Grenache, qui produit des vins charnus aux tanins souples, de couleur grenat, aux arômes de cerise, de mûre, de poivre, de café et de cacao.
La Syrah, le Mourvèdre et le Cinsaut sont agencés au Grenache dans des pourcentages qui varient selon les appellations et les producteurs.
L’appellation la plus connue est le Châteauneuf-du-Pape.
Les vins de cette appellation sont parmi les plus corsés et les plus recherchés du Rhône méridional.
La réglementation entourant la production y est la plus sévère au monde. Par exemple, seuls les vignerons de cette AOC utilisent la bouteille ornée de la tiare pontificale, les négociants avec les clés au-dessus, les vignerons avec les clés en dessous.
Les autres appellations méridionales sont Gigondas, Vacqeyras, Tavel, Lirac, Côtes-du-Vivarais, Coteaux-du-Tricastin, Côtes-du-Ventoux, Côtes-du-Lubéron, Côtes du Rhône et Côtes du Rhône village.
À l’extrême sud, on retrouve l’appellation Costière-de-Nîmes.
Historiquement et administrativement, sa production viticole est plus proche de celle du Languedoc-Roussillon. Ainsi, selon les guides, elle fait tantôt partie du Languedoc-Roussillon, tantôt partie de la vallée du Rhône.
Du point de vue social et culturel, cette AOC se distingue du Languedoc-Roussillon par le rôle négligeable que jouent les caves coopératives.
Au niveau de l’encépagement, le Grenache y est davantage répandu.
Enfin, le sol est constitué de gros cailloux descendus des Alpes par la vallée du Rhône.
Les vins doux naturels : Beaumes-de-Venise
Finalement, le Rhône méridional produit deux vins doux naturels s’apparentant à ceux du Languedoc-Roussillon.
Le plus connu est le Beaumes-de-Venise, fait à partir du raisin de Muscat dans la commune de Beaumes (Vaucluse). Un autre vin doux naturel à base de Grenache est produit à Rasteau.